2004 : une année charnière dans le monde des noms de domaine

La plupart des spécialistes de l’internet en France le pressentait : 2004 fut une année remarquable dans le microcosme des noms de domaine français. L’ouverture du .FR aux entreprises a en effet « boosté » le nombre d’enregistrements de la zone française, dépassant maintenant la barre des 300.000 domaines enregistrés. Par ce chiffre, la France et son .FR se positionnent à la 21ème place dans le classement mondial des extensions les plus populaires, encore bien loin derrière nos principaux partenaires commerciaux européens que sont l’Allemagne et la Grande-Bretagne, qui ont vu leurs extensions nationales libéralisées il y a quelques années.



Pourtant, cette ouverture s’est soldée par un franc succès aux dires de l’AFNIC, qui devrait sans difficultés atteindre son objectif de doubler le volume des domaines enregistrés un an après l’ouverture de l’extension, le 11 mai 2004.



Cependant, cette libéralisation n’a pas été sans son lot de rebondissements, telle que l’affaire désormais célèbre et plus connue sous le nom d’ « affaire EuroDNS ». L’hébergeur luxembourgeois, par l’intermédiaire d’un prête-nom, proposait en effet l’enregistrement de noms de domaine en .FR non seulement aux entreprises mais également aux particuliers, ceux-ci ne figurant pas directement comme contacts administratifs des domaines, et donc difficilement identifiables. L’AFNIC a donc décidé de bloquer ces domaines enregistrés, en vertu de la charte de l’association gérante du nommage internet en France, n’en déplaise à EuroDNS et surtout à ses clients. L’affaire a d’ailleurs été portée récemment devant les tribunaux, mais EuroDNS n’ayant pas obtenu gain de cause sur la forme, les domaines bloqués le resteront au mieux jusqu’au 22 janvier 2005.



Il est assez fréquent qu’une ouverture de zone nationale amène ce genre d’affaires, les .de et .co.uk n’y avaient , à l’époque, pas échappé. Plus généralement, toute ouverture de marché quelle qu’elle soit occasionne un certain nombre de troubles que seuls le temps et la patience peuvent résoudre. L’AFNIC en a donc décidé autrement et est donc intervenue directement et rapidement, en utilisant comme arme sa fameuse « charte de nommage », unique au monde.



L’AFNIC n’en est pas à son premier coup d’essai : c’est l’un des rares « registry » au monde à interdire à une entité étrangère d’enregistrer un nom de domaine de second niveau. De même, le registre français a même été obligé très récemment de revenir sur les conditions de l’ouverture, en réintroduisant dans sa charte de nommage les mesures de protection pour les collectivités locales…



Conséquence de tous ces troubles : L’AFNIC a logiquement décidé de reporter l’ouverture totale du .fr, prévue initialement pour début 2005, dans le but de mieux appréhender la libéralisation de son marché.



Dommage, surtout en égard au nombre de nouvelles connexions haut-débit ou à la forte progression de l’e-commerce dans l’hexagone…



A force de reculer l’échéance de l’ouverture du .FR, ne sera-t-il bientôt pas trop tard pour la France pour lancer son extension nationale, déjà fortement concurrencée par le .COM ?